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L’annexe

L’annexe ? Un petit bateau à ne pas négliger !

L’utilisation de l’annexe soulève quelques questions de sécurité que je vais essayer de développer le plus complètement possible. Je me suis volontairement limité aux petites annexes que nous trouvons sur les bateaux du CCS et sur les bateaux de locations, car sur les super yachts elles sont en fait des bateaux à part entière avec tout l’équipement que cela comporte.

Les annexes les plus courantes sont les pneumatiques et les semi-rigides. Elles sont les plus sûres, car en cas de chute par-dessus bord il est plus facile de remonter, elles sont stables et pas trop hautes au niveau du franc bord. Mais la sécurité commence bien avant, surtout sur les bateaux de club et de location. La première question que je dois me poser: est-elle utilisable et en bon état? La vérification est simple, gonflez-la et allez boire une bière; à votre retour, si vous constatez qu’elle tient la pression, tout est en ordre, elle est apte à vous rendre service, en plus vous aurez saisi le temps que cela prend de la gonfler, une information qui peut être utile en cas d’urgence.

La prochaine question à se poser: comment la transporter? Si je compte faire des escales uniquement dans des ports, elle reste dégonflée et bien rangée dans son sac. Dans le cas contraire, je pense que la meilleure place est sur le pont avant, retournée et sanglée; c’est en général là où elle gène le moins. Ne la remorquez jamais car elle finira tôt ou tard par se retourner, ce qui occasionnera une avarie sur le moteur et la perte des rames. A ce propos, j’ai une anecdote. Un bateau de location qui remorquait son annexe se préparait à faire une marche arrière pour s’amarrer à un quai avec l’ancre à l’avant. Un équipier faisait attention que le bout de l’annexe ne passe pas dans l’hélice en la poussant de côté. Au commandement: mouiller l’ancre, l’équipier s’exécute et file la chaîne. Le seul problème c’est que, par malchance, le bout de l’annexe avait exactement la longueur du bateau et, par conséquent, l’ancre fut déposée dans l’annexe avec quelques dizaines de mètres de chaîne!

Passons à l’armement. Dès que l’annexe est mise à l’eau, installez le moteur hors-bord, mettez en place les avirons (attachés de préférence), embarquez l’ancre (équipée de dix mètres de chaîne et d’un bout d’une dizaine de mètres), une écope, un gonfleur, un bidon d’essence de réserve et, pour finir, votre sac étanche préparé avec le matériel indispensable pour la navigation que vous avez prévue. Si vous allez loin, dans une région peu fréquentée, un kit de réparation et les deux ou trois outils de base pour le moteur, une VHF, un GPS et une fusée de détresse me semblent être le minimum. Un feu de navigation tricolore (obligatoire dans certains pays) et une lampe frontale, indispensable en cas de rentrée nocturne. Dans tous les cas prenez un antivol, une annexe est un objet très prisé des voleurs.

Maintenant au tour des utilisateurs. Il me paraît évident d’adapter la tenue et l’équipement à l’endroit. En juin dans un mouillage en Ecosse ou juillet dans une marina en Corse, ce ne sont de toute évidence pas les mêmes contraintes. Un ciré, des bottes et un gilet de sauvetage dans le premier cas, une tenue respectueuse, un couvre-chef et des chaussures dans le second cas. Ces équipements vous protégeront du froid, des insolations et des blessures. Un sac étanche personnel, avec le matériel fragile, mobile, tablette, appareil photo, jumelles, etc… Bon, tout est prêt, allons-y! Doucement, pas de précipitation, avez-vous analysé la situation? Existe-t-il un risque imminant? Un grain, une violente rafale de vent, une nappe de brouillard, une houle qui déferle sur un haut-fond ou sur la plage. Si je reste à terre pour une excursion, où puisje mettre l’annexe? Si les conditions changent quelles sont les alternatives? Il reste toujours la possibilité de faire comme sur les yachts des milliardaires, déposer les équipiers à terre et ramener l’annexe au bateau; ainsi une partie de l’équipage assure une veille, appréciable en cas de situation incertaine.

Cette fois tout est en ordre, venons-en à la sécurité pendant la navigation. Les équipiers montent à bord de l’annexe, l’un après l’autre, prennent place tout de suite et restent assis. Ils passent les pieds sous les sangles, si l’annexe en est équipée. Ne naviguez pas avec une annexe surchargée, mieux vaut faire un voyage supplémentaire, c’est plus sûr et plus confortable. L’équipier qui est à la barre du moteur doit impérativement, et en toutes circonstances, utiliser le coupe-circuit de sécurité. Je pense que c’est la faute la plus grave et la plus répandue que l’on peut voir; car si vous êtes seul et que vous êtes éjecté par-dessus bord, l’annexe peut causer des dégâts et des blessures, que ce soit dans un mouillage ou dans un port. Dernier conseil, ne naviguez jamais avec le moteur hors-bord verrouillé en position basse, de cette façon vous éviterez des dégâts si le moteur touche le fond ou un obstacle, roche ou corail. Nous voilà arrivés à destination, hourra! plus de problèmes! Détrompez-vous, vous devez trouver une place sûre pour l’annexe. Sur une plage, dans la mesure du possible, mettez-la assez haut pour qu’elle soit hors d’atteinte des vagues et de la marée. Dans les ports de plaisance, vous trouverez en général un ponton prévu pour les annexes, cela limite grandement les problèmes. Dans les autres ports, avec des quais, des wharf pourris et des pontons hérissés de clous partout, il est plus difficile de trouver le bon endroit. Par exemple, lors de mon escale sur l’île de Niue, il y avait une grue réservée pour les annexes. En effet, avec une houle de trois mètres qui venait directement sur le quai, n’importe quelle annexe aurait été détruite très rapidement.

En conclusion, les annexes gonflables et semi-rigide sont sûres, elles vous rendent d’immenses services: transport, ravitaillement, excursions, chasse sous-marine, plongée et j’en oublie certainement. Mais il y a une contrepartie, pour qu’elle ne vous lâche pas, soignez-la. Trouvez toujours le bon endroit pour l’amarrer, ne la traînez pas sur la plage, rappelez-vous toujours qu’une annexe est fragile, qu’elle ne supporte pas l’abrasion sur le sable, ni les clous de pontons et pas plus les fers à béton des quais. Souvenezvous que vous devez toujours prévoir le retour au bateau, et quand le moment sera venu, les conditions météo, ou l’état de la mer auront peut-être changé. Retrouver l’emplacement du mouillage peut également poser un problème, par brouillard ou de nuit. Il est donc primordial d’avoir une annexe en parfait état de marche et disposant de l’équipement indispensable pour vous ramener en toute sécurité à votre bateau. La sécurité, vous en êtes l’architecte, vous êtes responsables de sa mise en oeuvre, alors mettez toutes les chances de votre côté!

Frédy Haller